Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/599

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de cette peau, satinée, polie, d’un tissu tellement frais et ferme, que quelques gouttes d’eau, restées ensuite du bain à la racine des cheveux d’Adrienne, roulèrent dans la ligne serpentine de ses épaules, comme des perles de cristal sur du marbre blanc.

Ce qui doublait encore chez elle l’éclat de cette carnation merveilleuse, particulière aux rousses, c’était le pourpre foncé de ses lèvres humides, le rose transparent de sa petite oreille, de ses narines dilatées et de ses ongles luisants comme s’ils eussent été vernis ; partout enfin où son sang pur, vif et chaud, pouvait colorer l’épiderme, il annonçait la santé, la vie et la jeunesse.

Les yeux d’Adrienne, très-grands et d’un noir velouté, tantôt pétillaient de malice et d’esprit, tantôt s’ouvraient languissants et voilés, entre deux franges de longs cils frisés, d’un noir aussi foncé que celui de ses fins sourcils, très nettement arqués… car, par un charmant caprice de la nature, elle avait des cils et des sourcils noirs avec des cheveux roux ; son front, petit comme celui des statues grecques, surmontait son visage d’un ovale parfait ; son nez, d’une courbe délicate, était légèrement aquilin ; l’émail de ses dents étincelait, et sa bouche vermeille, adorablement sensuelle, semblait