Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Est-ce qu’il ne reviendra pas bientôt, Karl ?

— Il est revenu…

— Où est-il donc ?…

— Il est reparti…

— Qu’est-ce qui se passe donc ici ? Il y a quelque chose ; Karl part, revient, repart, et…

— Il ne s’agit pas de Karl, mais de toi ; quoique affamé comme un loup, tu es malin comme un renard, et quand tu veux… aussi malin que Karl…

Et Morok frappa cordialement sur l’épaule du géant, changeant tout à coup de physionomie et de langage.

— Moi, malin ?

— La preuve, c’est qu’il y aura dix florins à gagner cette nuit… et que tu seras assez malin pour les gagner… j’en suis sûr.

— À ce compte-là, oui, je suis malin, dit le géant en souriant d’un air stupide et satisfait. Qu’est-ce qu’il faudra faire pour gagner ces dix florins ?

— Tu le verras…

— Est-ce difficile ?

— Tu le verras… Tu vas commencer par aller chez le bourgmestre, mais avant de partir tu allumeras ce réchaud.

Il le montra du geste à Goliath.