Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/72

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vedettes se replièrent sur le détachement, en criant : Aux armes !

— À cheval ! s’écrie le capitaine d’une voix de tonnerre.

En un instant les cavaliers sont en selle, le malencontreux faiseur de reprises était guide du premier rang ; n’ayant pas le temps de retourner sa culotte à l’endroit, hélas ! il la passe, tant bien que mal, à l’envers, et sans prendre le temps de mettre ses bottes il saute à cheval.

Un parti de Cosaques, profitant du voisinage d’un bois, avait tenté de surprendre le détachement ; la mêlée fut sanglante, notre homme écumait de colère, il tenait beaucoup à ses effets, et la journée lui était fatale : sa culotte déchirée, ses bottes perdues ! aussi ne sabra-t-il jamais avec plus d’acharnement ; un clair de lune superbe éclairait l’action ; la compagnie put admirer la brillante valeur du grenadier qui tua deux Cosaques et fit de sa main un officier prisonnier.

Après cette escarmouche, dans laquelle le détachement conserva sa position, le capitaine mit ses hommes en bataille pour les complimenter, et ordonna au faiseur de reprises de sortir des rangs, voulant le féliciter publiquement de sa belle conduite. Notre homme se fût passé de cette ovation, mais il fallut obéir.