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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/80

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— Ou sinon ? reprit Dagobert sans regarder le Prophète.

— Sinon, vous me ferez réparation… Je vous l’ai dit, j’ai vu aussi la guerre ; nous trouverons bien ici, quelque part, deux sabres, et demain matin, au point du jour, derrière un pan de mur, nous pourrons voir de quelle couleur nous avons le sang… si vous avez du sang dans les veines !…

Cette provocation commença d’effrayer un peu les spectateurs, qui ne s’attendaient pas à un dénouement si tragique.

— Vous battre ? voilà une belle idée ! s’écria l’un, pour vous faire coffrer tous deux… les lois sur le duel sont sévères.

— Surtout quand il s’agit de petites gens ou d’étrangers, reprit un autre. S’il vous surprenait les armes à la main, le bourgmestre vous mettrait provisoirement en cage, et vous en auriez pour deux ou trois mois de prison avant d’être jugés.

— Seriez-vous donc capables de nous aller dénoncer ? demanda Morok.

— Non, certes ! dirent les bourgeois. Arrangez-vous… c’est un conseil d’amis que nous vous donnons… Faites-en votre profit, si vous voulez…

— Que m’importe la prison, à moi ! s’écria le