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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/93

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Blanche, théologie suffisante pour ces âmes aimantes et pures.

Ce soir-là les deux sœurs causaient en attendant Dagobert.

Leur entretien les intéressait beaucoup, car, depuis quelques jours elles avaient un secret, un grand secret, qui souvent faisait battre leur cœur virginal, agitait leur sein naissant, changeait en incarnat le rose de leurs joues, et voilait quelquefois en langueur inquiète et rêveuse leurs grands yeux d’un bleu si doux.

Rose, ce soir-là, occupait le bord du lit, ses deux bras arrondis se croisaient derrière sa tête, qu’elle tournait à demi vers sa sœur ; celle-ci, accoudée sur le traversin, la regardait en souriant, et lui disait :

— Crois-tu qu’il vienne encore cette nuit ?

— Oui, car hier… il nous l’a promis.

— Il est si bon… il ne manquera pas à sa promesse.

— Et puis si joli, avec ses longs cheveux blonds bouclés.

— Et son nom… quel nom charmant !… comme il va bien à sa figure !

— Et quel doux sourire, et quelle douce voix quand il nous dit, en nous prenant la main : « Mes enfants, bénissez Dieu de ce qu’il vous a donné la même âme… Ce que l’on cher-