Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/99

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Deux carreaux de la croisée volèrent en éclats avec un grand bruit.

Les orphelines, poussant un cri d’effroi, se jetèrent dans les bras l’une de l’autre, pendant que le chien se précipitait vers la croisée en aboyant avec furie…

Pâles, tremblantes, immobiles de frayeur, étroitement enlacées, les deux sœurs suspendaient leur respiration ; dans leur épouvante, elles n’osaient pas jeter les yeux du côté de la fenêtre.

Rabat-Joie, les pattes de devant appuyées sur la plinthe, ne cessait pas ses aboiements irrités.

— Hélas !… qu’est-ce donc ? murmurèrent les orphelines, et Dagobert qui n’est pas là…

Puis tout à coup Rose s’écria en saisissant le bras de Blanche :

— Écoute… écoute… on monte l’escalier.

— Mon Dieu !… il me semble que ce n’est pas la marche de Dagobert ; entends-tu comme ces pas sont lourds ?

— Rabat-Joie ! ici tout de suite… viens nous défendre ! s’écrièrent les deux sœurs au comble de l’épouvante.

En effet, des pas d’une pesanteur extraordinaire retentissaient sur les marches sonores de l’escalier de bois, et une espèce de frôlement