Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Un domestique étranger vient d’apporter à l’instant cette lettre pour M. le docteur : c’est très-pressé…

Le médecin prit la lettre, le valet de chambre sortit.

— Voici les désagréments du mérite, lui dit en souriant Adrienne ; on ne vous laisse pas un moment de repos, mon pauvre docteur.

— Ne m’en parlez pas, mademoiselle, dit le médecin, qui ne put cacher un mouvement de surprise en reconnaissant l’écriture de M. d’Aigrigny ; ces diables de malades croient en vérité que nous sommes de fer et que nous accaparons toute la santé qui leur manque ;… ils sont impitoyables… Mais vous permettez, mademoiselle, dit M. Baleinier en interrogeant Adrienne du regard avant de décacheter la lettre.

Mademoiselle de Cardoville répondit par un gracieux signe de tête.

La lettre du marquis d’Aigrigny n’était pas longue ; le médecin la lut d’un trait ; et, malgré sa prudence habituelle, il haussa les épaules et dit vivement :

— Aujourd’hui… mais c’est impossible… Il est fou…

— Il s’agit sans doute de quelque pauvre malade qui a mis en vous tout son espoir…