Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/123

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oublier les chagrins des autres ;… mais voyez, j’use de votre bonne obligeance sans vous dire ce que j’attends de vous…

— Nous avons heureusement le temps de causer, car notre homme d’État demeure fort loin de chez vous.

— En deux mots, voici ce dont il s’agit, reprit Adrienne ; je vous ai dit les raisons que j’avais de m’intéresser à ce digne ouvrier ; ce matin, il est venu tout désolé m’avouer qu’il se trouvait compromis pour des chants qu’il avait faits (car il est poëte), qu’il était menacé d’être arrêté, qu’il était innocent ; mais que si on le mettait en prison, sa famille, qu’il soutient seul, mourrait de faim ; il venait donc me supplier de fournir une caution, afin qu’on le laisse libre d’aller travailler ; j’ai promis en pensant à votre intimité avec le ministre ; mais on était déjà sur les traces de ce pauvre garçon ; j’ai eu l’idée de le faire cacher chez moi, et vous savez de quelle manière ma tante a interprété cette action. Maintenant, dites-moi, grâce à votre recommandation, croyez-vous que le ministre m’accordera ce que nous allons lui demander, la liberté sous caution de cet artisan ?

— Mais sans contredit… cela ne doit pas faire l’ombre de difficulté, surtout lorsque vous lui aurez exposé les faits avec cette élo-