Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/132

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quels vous m’avez quelquefois surprise… je songeais à des circonstances extraordinaires qui se rapportaient à ce secret… oui… et alors de bien grandes, de bien magnifiques pensées s’éveillaient en moi…

Puis Adrienne se tut, profondément absorbée dans ses souvenirs.

M. Baleinier n’essaya pas de l’en distraire.

D’abord mademoiselle de Cardoville ne s’apercevait pas de la direction que suivait la voiture ; puis, le docteur n’était pas fâché de réfléchir à ce qu’il venait d’apprendre ; avec sa perspicacité habituelle, il pressentit vaguement qu’il s’agissait pour l’abbé d’Aigrigny d’une affaire d’héritage ; il se promit d’en faire immédiatement le sujet d’un rapport secret. De deux choses l’une : ou M. d’Aigrigny agissait dans cette circonstance d’après les instructions de l’ordre, ou il agissait selon son inspiration personnelle ; dans le premier cas, le rapport secret du docteur à qui de droit constatait un fait ; dans le second, il en révélait un autre.

Pendant quelque temps mademoiselle de Cardoville et M. Baleinier gardèrent donc un profond silence, qui n’était même plus interrompu par le bruit des roues de la voiture roulant alors sur une épaisse couche de neige, car les rues devenaient de plus en plus désertes.