Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/136

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— On a bien raison de dire, reprit M. Baleinier cachant une assez vive émotion sous une apparence de gaieté, maison de ministre… maison de parvenu… pas un valet de pied (pas un garçon de bureau, devrais-je dire) à l’antichambre… Mais heureusement, ajouta-t-il en ouvrant la porte d’une pièce qui communiquait au vestibule,


Nourri dans le sérail, j’en connais les détours.


Mademoiselle de Cardoville fut introduite dans un salon tendu de papier vert, à dessins veloutés, et modestement meublé de chaises et de fauteuils d’acajou recouverts en velours d’Utrecht jaune ; le parquet était brillant, soigneusement ciré ; une lampe circulaire, qui ne donnait au plus que le tiers de sa clarté, était suspendue beaucoup plus haut qu’on ne les suspend ordinairement.

Trouvant cette demeure singulièrement modeste pour l’habitation d’un ministre, Adrienne, quoiqu’elle n’eût aucun soupçon, ne put s’empêcher de faire un mouvement de surprise, et s’arrêta une minute sur le seuil de la porte. M. Baleinier, qui lui donnait le bras, devina la cause de son étonnement, et lui dit en souriant :

— Ce logis vous semble bien mesquin pour