Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/142

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titude était si horrible qu’elle voulut encore essayer de la repousser en songeant à la confiante amitié qu’elle avait toujours témoignée à cet homme ; aussi Adrienne se dit avec amertume :

— Voilà comme la faiblesse, comme la peur, vous conduisent souvent à des suppositions injustes, odieuses ; oui, car il n’est permis de croire à une tromperie si infernale qu’à la dernière extrémité… et lorsqu’on y est forcé par l’évidence ; appelons quelqu’un, c’est le seul moyen de m’éclairer complètement.

Puis se souvenant qu’il n’y avait pas de sonnette, elle dit :

— Il n’importe, frappons, on viendra sans doute.

Et de son petit poing délicat, Adrienne heurta plusieurs fois à la porte.

Au bruit sourd et mat que rendit cette porte, on la devinait fort épaisse.

Rien ne répondit à la jeune fille.

Elle courut à l’autre porte.

Même appel de sa part, même silence profond… interrompu çà et là au dehors par les mugissements du vent.

— Je ne suis pas plus peureuse qu’une autre, dit Adrienne en tressaillant ; je ne sais si c’est le froid mortel qu’il fait ici… mais je frissonne