Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/182

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d’inquiétudes navrantes ; puis, cédant à la fatigue, au sommeil, vers les trois heures du matin elle s’était jetée sur un matelas à côté du lit de Rose et de Blanche.

Dès le jour (il venait de paraître), Françoise se leva pour monter dans la mansarde d’Agricol, espérant, bien faiblement, il est vrai, qu’il serait rentré depuis quelques heures.

Rose et Blanche venaient de se lever et de s’habiller. Elles se trouvaient seules dans cette chambre triste et froide.

Rabat-Joie, que Dagobert avait laissé à Paris, était étendu près du poêle refroidi, et, son long museau entre ses deux pattes de devant, il ne quittait pas de l’œil les deux sœurs.

Celles-ci, ayant peu dormi, s’étaient aperçues de l’agitation et des angoisses de la femme de Dagobert. Elles l’avaient vue tantôt marcher en se parlant à elle-même, tantôt prêter l’oreille au moindre bruit qui venait de l’escalier, et parfois s’agenouiller devant le crucifix placé à l’une des extrémités de la chambre.

Les orphelines ne se doutaient pas qu’en priant avec ferveur pour son fils, l’excellente femme priait aussi pour elles ; car l’état de leur âme l’épouvantait.

La veille, après le départ précipité de Dagobert pour Chartres, Françoise, ayant assisté au