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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/206

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Pour l’homme riche, la prison… c’est le manque d’aises et de bien-être… c’est l’ennui, c’est le chagrin d’être séparé des siens… certes cela mérite intérêt, toutes peines sont pitoyables, et les larmes du riche séparé de ses enfants sont aussi amères que les larmes du pauvre éloigné de sa famille…

Mais l’absence du riche ne condamne pas les siens au jeûne, ni au froid, ni à ces maladies incurables causées par l’épuisement et par la misère…

Au contraire… pour l’artisan… la prison, c’est la détresse, c’est le dénûment, c’est quelquefois la mort des siens…

Ne possédant rien, il est incapable de fournir une caution, on l’emprisonne…

Mais s’il a, comme cela se rencontre fréquemment, un père ou une mère infirme, une femme malade ou des enfants au berceau ?

Que deviendra cette famille infortunée ? Elle pouvait à peine vivre au jour le jour du salaire de cet homme, salaire presque toujours insuffisant, et voici que tout à coup cet unique soutien vient à manquer pendant trois ou quatre mois.

Que fera cette famille ?

À qui avoir recours ?

Que deviendront ces vieillards infirmes, ces