Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/234

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il a été soldat… et sa colère sera terrible… mon père, dit Françoise, en frémissant à cette pensée.

— Et sa colère serait cent fois plus terrible encore, que vous devriez la braver, vous glorifier de la subir pour une si sainte cause ! s’écria la voix avec indignation. Croyez-vous donc que l’on fasse si facilement son salut sur cette terre ?… Et depuis quand le pécheur qui veut sincèrement servir le Seigneur songe-t-il aux pierres et aux épines où il peut se meurtrir et se déchirer ?

— Pardon, mon père… pardon, dit Françoise avec une résignation accablante. Permettez-moi encore une question, une seule ! Hélas ! si vous ne me guidez… qui me guidera ?

— Parlez.

— Lorsque M. le maréchal Simon arrivera, il demandera ses enfants à mon mari… Que pourra-t-il répondre, à son tour, à leur père, lui ?

— Lorsque M. le maréchal Simon arrivera, vous me le ferez savoir à l’instant, et alors… j’aviserai ; car les droits d’un père ne sont sacrés qu’autant qu’il en use pour le salut de ses enfants. Avant le père, au-dessus du père, il y a le Seigneur que l’on doit d’abord servir. Ainsi, réfléchissez bien. En acceptant ce que je vous