Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


II


Le complot.


L’abbé marquis d’Aigrigny était, on l’a facilement deviné, le personnage que l’on a déjà vu rue du Milieu-des-Ursins, d’où il était parti pour Rome, il y avait de cela trois mois environ.

Le marquis était vêtu de grand deuil, avec son élégance accoutumée. Il ne portait pas de soutane ; sa redingote noire, assez juste, et son gilet bien serré aux hanches, faisaient valoir l’élégance de sa taille ; son pantalon de casimir noir découvrait son pied parfaitement chaussé de brodequins vernis. Enfin sa tonsure disparaissait au milieu de la légère calvitie qui avait un peu dégarni la partie postérieure de sa tête. Rien dans son costume ne décelait, pour ainsi dire, le prêtre, sauf peut-être le manque absolu de favoris, remarquable sur une figure aussi virile ; son menton, fraîchement rasé, s’appuyait sur une haute et ample cravate noire nouée avec une crânerie militaire qui rappelait que cet abbé marquis, que ce prédicateur en renom, alors l’un des chefs les plus actifs et les plus