Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/241

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princesse de Saint-Dizier, accompagnée de Monsieur, qui exerçait sur sa maîtresse une véritable tyrannie.

Le teinturier, auquel on a déjà vu remplir les fonctions de portier, interrogé par le cocher sur la demeure de Françoise, sortit de son officine, et vint galamment à la portière pour répondre à madame Grivois qu’en effet Françoise Baudoin demeurait dans la maison, mais qu’elle n’était pas rentrée.

Le père Lorrain avait alors les bras, les mains et une partie de la figure d’un jaune d’or superbe. La vue de ce personnage couleur d’ocre émut et irrita singulièrement Monsieur, car au moment où le teinturier portait sa main sur le rebord de la portière, le carlin poussa des jappements affreux et le mordit au poignet.

— Ah ! grand Dieu ! s’écria madame Grivois avec angoisse pendant que le père Lorrain retirait vivement sa main, pourvu qu’il n’y ait rien de vénéneux dans la teinture que vous avez sur la main… mon chien est si délicat…

Et elle essuya soigneusement le museau camus de Monsieur, çà et là tacheté de jaune.

Le père Lorrain, très-peu satisfait des excuses qu’il s’attendait à recevoir de madame Grivois à propos des mauvais procédés du carlin, lui dit, en contenant à peine sa colère :