Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon Dieu ! madame, quelle belle habitation !

— Ce n’est rien, vous allez voir l’intérieur… c’est bien autre chose ! répondit madame Grivois.

Le cocher ouvrit la portière ; quelle fut la colère de madame Grivois et la surprise des deux jeunes filles… à la vue de Rabat-Joie, qui avait intelligemment suivi la voiture, et qui, les oreilles droites, la queue frétillante, semblait, le malheureux, avoir oublié ses crimes et s’attendre à être loué de son intelligente fidélité.

— Comment ! s’écria madame Grivois, dont toutes les douleurs se renouvelèrent, cet abominable chien a suivi la voiture ?

— Fameux chien tout de même, bourgeoise, répondit le cocher, il n’a pas quitté mes chevaux d’un pas… faut qu’il ait été dressé à cela… c’est une crâne bête, à qui deux hommes ne feraient pas peur… Quel poitrail !

La maîtresse de feu Monsieur, irritée des éloges peu opportuns que le cocher prodiguait à Rabat-Joie, dit aux orphelines :

— Je vais vous faire conduire chez votre parente, attendez un instant dans le fiacre.

Madame Grivois alla d’un pas rapide vers le petit porche et y sonna.

Une femme vêtue d’un costume religieux y