Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/345

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fait la cour, mais qui était si laid que ça m’empêchait de voir qu’il était riche, sachant que je vivais avec Jacques, m’a engagée à… Mais pourquoi t’ennuyer de ces détails ?… En deux mots, on a prêté de l’argent à Jacques sur quelque chose comme des droits assez douteux, dit-on, qu’il avait à une succession… C’est avec cet argent-là que nous nous amusons ;… tant qu’il y en aura… ça ira…

— Mais, ma bonne Céphyse, au lieu de dépenser si follement cet argent, pourquoi ne pas le placer… et te marier avec Jacques… puisque tu l’aimes ?

— Oh ! d’abord, vois-tu, répondit en riant la reine Bacchanal, dont le caractère insouciant et gai reprenait le dessus, placer de l’argent, ça ne vous procure aucun agrément… on a pour tout amusement à regarder un petit morceau de papier qu’on vous donne en échange de ces belles pièces d’or avec lesquelles on a mille plaisirs… Quant à me marier, certainement j’aime Jacques comme je n’ai jamais aimé personne ; pourtant il me semble que si j’étais mariée avec lui, tout notre bonheur s’en irait, car enfin, comme mon amant, il n’a rien à me dire du passé ; mais comme mon mari, il me le reprocherait tôt ou tard, et si ma conduite mérite des reproches, j’aime mieux me les