Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/365

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père est mort d’accident, me laissant le mobilier de notre grenier : une paillasse, une chaise et une table, de plus, dans une mauvaise boîte à eau de Cologne, des papiers, à ce qu’il paraît, écrits en anglais, et une médaille de bronze qui, avec sa chaîne, pouvait bien valoir dix sous… Il ne m’avait jamais parlé de ces papiers. Ne sachant pas à quoi ils étaient bons, je les avais laissés au fond d’une vieille malle au lieu de les brûler ; bien m’en a pris, car, sur ces papiers-là, on m’a prêté de l’argent.

— Quel coup du ciel ! dit Dumoulin. Ah çà ! mais on savait donc que vous les aviez ?

— Oui, un de ces hommes qui sont à la piste des vieilles créances est venu trouver Céphyse, qui m’en a parlé ; après avoir lu les papiers, l’homme m’a dit que l’affaire était douteuse, mais qu’il me prêterait dessus dix mille francs, si je voulais… Dix mille francs !… c’était un trésor… j’ai accepté tout de suite…

— Mais vous auriez dû penser que ces créances devaient avoir une assez grande valeur…

— Ma foi, non… puisque mon père, qui devait en savoir la valeur, n’en avait pas tiré parti… et puis, dix mille francs, en beaux et bons écus… qui vous tombent on ne sait d’où… ça se prend toujours, et tout de suite… et j’ai