Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/385

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peur et au contact de formidables engrenages, courent chaque jour de plus grands dangers que les soldats n’en courent à la guerre, déploient un savoir pratique rare, rendent à l’industrie, et conséquemment au pays, d’incontestables services pendant une longue et honorable carrière, à moins qu’ils ne périssent par l’explosion d’une chaudière ou qu’ils n’aient quelque membre broyé entre les dents de fer d’une machine.

Dans ce cas, le travailleur reçoit-il une récompense au moins égale à celle que reçoit le soldat pour prix de son courage, louable, sans doute, mais stérile : une place dans une maison d’invalides ?

Non…

Qu’importe au pays ? et si le maître du travailleur est ingrat, le mutilé, incapable de service, meurt de faim dans quelque coin.

Enfin, dans ces fêtes pompeuses de l’industrie, convoque-t-on jamais quelques-uns de ces habiles travailleurs qui seuls ont tissé ces admirables étoffes, forgé et damasquiné ces armes éclatantes, ciselé ces coupes d’or et d’argent, sculpté ces meubles d’ébène et d’ivoire, monté ces éblouissantes pierreries avec un art exquis ?

Non…

Retirés au fond de leur mansarde, au milieu