Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/406

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— Viendrai-je vous prendre ici, mademoiselle ?

— Non, ainsi que je vous l’ai dit, il faut qu’on ignore que vous êtes venue de la part de M. Agricol, et une nouvelle visite ici pourrait être connue et donner l’éveil… J’irai vous prendre en fiacre… Où demeurez-vous ?

— Rue Brise-Miche, no 3… Puisque vous prenez cette peine, mademoiselle, vous n’auriez qu’à prier le teinturier qui sert de portier de venir m’avertir… de venir avertir la Mayeux.

— La Mayeux ? dit Florine avec surprise.

— Oui, mademoiselle, répondit l’ouvrière avec un triste sourire, c’est le sobriquet que tout le monde me donne… et tenez, ajouta la Mayeux, ne pouvant retenir une larme, c’est aussi à cause de mon infirmité ridicule, à laquelle ce sobriquet fait allusion, que je crains d’aller en journée chez des étrangers… il y a tant de gens qui vous raillent… sans savoir combien ils vous blessent !… Mais, reprit la Mayeux en essuyant une larme, je n’ai pas à choisir, je me résignerai.

Florine, péniblement émue, prit la main de la Mayeux, et lui dit :

— Rassurez-vous ; il est des infortunes si touchantes qu’elles inspirent la compassion et non