Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/411

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d’oiseau de proie ; son œil noir était sagace et perçant, sa physionomie à la fois intelligente, froide et ferme.

Pour l’entente et la conduite des intérêts matériels de la communauté, la mère Sainte-Perpétue en eût remontré au procureur le plus retors et le plus rusé. Lorsque les femmes sont possédées de ce qu’on appelle l’esprit des affaires, et qu’elles y appliquent leur finesse de pénétration, leur persévérance infatigable, leur prudente dissimulation, et surtout cette justesse et cette rapidité du coup d’œil qui leur sont naturelles, elles arrivent à des résultats prodigieux.

Pour la mère Sainte-Perpétue, femme de tête solide et forte, la vaste comptabilité de la communauté n’était qu’un jeu ; personne mieux qu’elle ne savait acheter des propriétés, les remettre en valeur et les revendre avec avantage ; le cours de la rente, le change, la valeur courante des actions de différentes entreprises lui étaient aussi très-familiers ; jamais elle n’avait commandé à ses intermédiaires une fausse spéculation lorsqu’il s’était agi de placer les fonds dont de bonnes âmes faisaient journellement don à l’œuvre de Sainte-Marie. Elle avait établi dans la maison un ordre, une discipline et surtout une économie