Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/419

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allure plus insolente ; son calcul est juste, car cette manière cavalière et débraillée de parler de choses saintes, pique et réveille la curiosité des indifférents. Heureusement les circonstances sont telles qu’il peut se montrer d’une audacieuse violence contre nos ennemis sans le moindre danger, ce qui redouble naturellement son ardeur de martyr postulant ; en un mot, il est à nous, et en retour nous lui devons ce mariage ; il faut donc qu’il se fasse ; vous savez d’ailleurs, chère mère, qu’il se propose d’offrir une donation de cent mille francs à l’œuvre de Sainte-Marie, le jour où il sera en possession de la fortune de mademoiselle Baudricourt.

— Je n’ai jamais douté des excellentes intentions de M. de Brisville au sujet d’une œuvre qui mérite la sympathie de toutes les personnes pieuses, répondit discrètement la supérieure ; mais je ne croyais pas rencontrer tant d’obstacles de la part de la jeune personne.

— Comment donc ?

— Cette jeune fille, que j’avais crue jusqu’ici la soumission, la timidité, la nullité, tranchons le mot, l’idiotisme même… au lieu d’être, comme je le pensais, ravie de cette proposition de mariage… demande du temps pour réfléchir.

— Cela fait pitié.