Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/454

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Et, souriant, elle prit du bout de ses doigts rosés l’extrémité d’une des longues et soyeuses boucles de ses cheveux dorés.

— Il faut pardonner à Agricol, mademoiselle, dit la Mayeux avec un de ces demi-sourires qui effleuraient si rarement ses lèvres, il est poëte, et en me faisant, avec une respectueuse admiration, le portrait de sa protectrice… il n’a omis aucune de ses rares perfections.

— Et qui vous a donné l’idée de venir me parler ?

— L’espoir de pouvoir peut-être vous servir, mademoiselle. Vous avez accueilli Agricol avec tant de bonté que j’ai osé partager sa reconnaissance envers vous…

— Osez, osez, ma chère enfant, dit Adrienne avec une grâce indéfinissable, ma récompense sera double… quoique jusqu’ici je n’aie pu être utile que d’intention à votre digne frère adoptif.

Pendant l’échange de ces paroles, Adrienne et la Mayeux s’étaient tour à tour regardées avec une surprise croissante.

D’abord la Mayeux ne comprenait pas qu’une femme qui passait pour folle s’exprimât comme s’exprimait Adrienne ; puis elle s’étonnait elle-même de la liberté, ou plutôt de l’aménité d’es-