Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/463

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de fraternelle égalité aussi divin que la parole évangélique.

Il est des mots, des impressions, qui font oublier à une belle âme des années de souffrances, et qui semblent, par un éclat fugitif, lui révéler à elle-même sa propre grandeur ; il en fut ainsi de la Mayeux ; grâce à de généreuses paroles, elle eut un moment la conscience de sa valeur… Et quoique ce ressentiment fût aussi rapide qu’ineffable, elle joignit les mains et leva les yeux au ciel avec une expression de fervente reconnaissance : car si l’ouvrière ne pratiquait pas, pour nous servir de l’argot ultramontain, personne plus qu’elle n’était doué de ce sentiment profondément, sincèrement religieux, qui est au dogme ce que l’immensité des cieux étoilés est au plafond d’une église.

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Cinq minutes après avoir quitté mademoiselle de Cardoville, la Mayeux, sortant du jardin sans être aperçue, était remontée au premier étage et frappait discrètement à la porte de la lingerie.

Une sœur vint lui ouvrir.

— Mademoiselle Florine, qui m’a amenée, n’est-elle pas ici, ma sœur ? demanda-t-elle.

— Elle n’a pu vous attendre plus longtemps ;