Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/50

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de fiel, d’envie et de haine… ce qui lui donne une certaine éloquence brutale et incisive… Nous le payons assez grassement pour attaquer nos ennemis, quoiqu’il soit quelquefois douloureux de voir défendre par une telle plume les principes que nous respectons… Car ce misérable vit comme un bohémien, ne quitte pas les tavernes, et est presque toujours ivre… Mais, il faut l’avouer, sa verve injurieuse est inépuisable… et il est versé dans les connaissances théologiques les plus ardues, ce qui nous le rend parfois très-utile…

— Eh bien !… quoique madame de la Sainte-Colombe ait soixante ans… il paraît que ce Dumoulin aurait des visées matrimoniales sur la fortune considérable de cette femme… Vous ferez bien, je crois, de prévenir Rodin, afin qu’il se défie des ténébreux manèges de ce drôle… Mille pardons de vous avoir si longtemps entretenu de ces misères ;… mais à propos du couvent de Sainte-Marie, dont j’avais tout à l’heure l’honneur de vous parler, madame, ajouta le docteur en s’adressant à la princesse, y a-t-il longtemps que vous y êtes allée ?

La princesse échangea un vif regard avec M. d’Aigrigny et répondit :

— Mais… il y a huit jours… environ.