Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/528

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Sous les Bourbons, le renégat, comblé d’honneurs, s’est encore retrouvé en face du soldat de l’empire persécuté. Entre eux deux, cette fois, il y a eu un duel acharné… Le marquis a été blessé ; mais le général Simon, proscrit et condamné à mort, s’est exilé… Maintenant le renégat est prêtre… dites-vous ? Eh bien ! moi, maintenant, je suis certain que c’est lui qui a fait enlever Rose et Blanche afin d’assouvir sur elles la haine qu’il a toujours eue contre leur mère et contre leur père… Cet infâme d’Aigrigny les tient en sa puissance… Ce n’est plus seulement la fortune de ces enfants que j’ai à défendre maintenant… C’est leur vie… Entendez-vous ? leur vie !…

— Mon père… croyez-vous cet homme capable de… ?

— Un traître à son pays, qui finit par être un prêtre infâme, est capable de tout ; je vous dis que peut-être à cette heure ils tuent ces enfants à petit feu…, s’écria le soldat d’une voix déchirante, car les séparer l’une de l’autre, c’est déjà commencer à les tuer…

Puis Dagobert ajouta avec une exaspération impossible à rendre :

— Les filles du général Simon sont au pouvoir du marquis d’Aigrigny et de sa bande… et j’hésiterais à tenter de les sauver… par peur