Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/579

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en deux mots, voici les faits : Je vous ai bien souvent parlé de Félix de Bressac, un de mes camarades d’enfance, pourtant bien moins âgé que moi ; nous nous sommes toujours aimés tendrement, et nous avons mutuellement échangé assez de preuves de sérieuse affection pour pouvoir compter l’un sur l’autre. C’est pour moi un frère. Vous savez ce que j’entends par ces paroles. Il y a plusieurs jours, il m’a écrit de Toulouse, où il était allé passer quelque temps :

« Si tu m’aimes, viens, j’ai besoin de toi… Pars à l’instant… Tes consolations me donneront peut-être le courage de vivre… Si tu arrivais trop tard… pardonne-moi et pense quelquefois à celui qui sera jusqu’à la fin ton meilleur ami. »

« Vous jugez de ma douleur et de mon épouvante ; je demande à l’instant des chevaux ; mon chef d’atelier, un vieillard que j’estime et que je révère, le père du général Simon, apprenant que j’allais dans le Midi, me prie de l’emmener avec moi ; je devais le laisser durant quelques jours dans le département de la Creuse où il désirait étudier des usines récemment fondées. Je consentis d’autant plus à ce voyage, que je pouvais au moins épancher le chagrin et les angoisses que me causait la lettre de Bressac.