Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/596

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naissait ; il m’a répondu avec embarras ;… alors au lieu de soupçons, j’ai eu des certitudes… Arrivé à l’auberge, pendant que le médecin était auprès de Djalma, je suis monté à la chambre du docteur, j’ai examiné une boîte remplie de plusieurs flacons qu’il avait apportés ; l’un d’eux contenait de l’opium… J’ai deviné.

— Qu’avez-vous deviné, monsieur ?

— Vous allez le savoir… Le médecin a dit à Djalma, avant de se retirer : « Votre blessure est en bon état mais la fatigue du voyage pourrait l’enflammer ; il serait bon demain dans la journée de prendre une potion calmante que je vais préparer ce soir afin de l’avoir toute prête dans la voiture… » Le calcul du médecin était simple, ajouta Faringhea, le lendemain (qui est aujourd’hui) le prince prenait la potion sur les quatre ou cinq heures du soir… bientôt il s’endormait profondément… Le médecin, inquiet, faisait arrêter la voiture dans la soirée… déclarait qu’il y avait du danger à continuer la route… passait la nuit dans une auberge, et s’établissait auprès du prince dont l’assoupissement n’aurait cessé qu’à l’heure qui vous convenait. Tel était votre dessein ; il m’a paru habilement projeté, j’ai voulu m’en servir pour moi-même, et j’ai réussi.

— Tout ce que vous dites là, mon cher mon-