Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/618

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qui le recouvrait d’un côté comme un reliquaire, on voyait un morceau de toile plié carrément et presque entièrement couvert de taches d’un rouge sombre, couleur du sang depuis longtemps séché.

Après un moment de silence pendant lequel Samuel écrivit sur son registre, il dit tout haut en relisant ce qu’il venait d’écrire :

— D’autre part, cinq mille métalliques d’Autriche de mille florins, et la date du 19 octobre 1826.

Ensuite de cette énumération, Samuel ajouta en relevant la tête et en s’adressant à sa femme :

— Est-ce bien cela, Bethsabée ? Avez-vous comparé sur le carnet ?

Bethsabée ne répondit pas.

Samuel la regarda, et, la voyant profondément accablée, lui dit avec une expression de tendresse inquiète :

— Qu’avez-vous ?… mon Dieu, qu’avez-vous ?

— Le 19 octobre… 1826…, dit-elle lentement les yeux toujours fixes, et en serrant plus étroitement encore dans sa main la tresse de cheveux noirs qu’elle portait au cou. C’est une date funeste… Samuel… bien funeste… c’est celle de la dernière lettre que nous avons reçue de…

Bethsabée ne put continuer, elle poussa un