Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/624

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jour si important pour la famille de Rennepont, que, dans de telles circonstances, cette apparition ne doit pas nous étonner.

— Et penser, reprit Samuel, que depuis un siècle et demi ces lueurs ont apparu plusieurs fois ! il est donc une autre famille qui, de génération en génération, s’est vouée, comme la nôtre, à accomplir un pieux devoir…

— Mais quel est ce devoir ? Peut-être aujourd’hui tout s’éclaircira-t-il…

— Allons, allons, Bethsabée, reprit tout à coup Samuel en sortant de sa rêverie, et comme s’il se fût reproché son oisiveté, voici le jour, et il faut qu’avant huit heures cet état de caisse soit mis au net, ces immenses valeurs classées (et il montra le grand coffret de cèdre), afin qu’elles puissent être remises entre les mains de qui de droit.

— Vous avez raison, Samuel ; ce jour ne nous appartient pas… c’est un jour solennel… et qui serait beau, oh ! bien beau pour nous… si maintenant il pouvait y avoir de beaux jours pour nous, dit amèrement Bethsabée en songeant à son fils.

— Bethsabée, dit tristement Samuel, en appuyant sa main sur la main de sa femme, nous serons du moins sensibles à l’austère satisfaction du devoir accompli… Le Seigneur ne nous a-t-il pas été bien favorable, quoiqu’en