Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/626

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merveilleuse, de ces cinquante mille écus qui, grâce à l’accumulation et à une gestion sage, intelligente et fidèle, s’étaient naturellement, ou plutôt forcément transformés au bout d’un siècle et demi en une somme bien autrement importante que celle de quarante millions, fixée par le père d’Aigrigny, qui, très-incomplètement renseigné à ce sujet, et songeant d’ailleurs aux éventualités désastreuses, aux pertes, aux banqueroutes qui, pendant tant d’années, avaient pu atteindre les dépositaires successifs de ces valeurs, trouvait encore énorme… le chiffre de quarante millions.

L’histoire de cette fortune se trouva nécessairement liée à celle de la famille Samuel qui faisait valoir ce fonds depuis trois générations, nous en dirons deux mots.

Vers 1670, plusieurs années avant sa mort, M. Marius de Rennepont, lors d’un voyage au Portugal, avait pu, grâce à de très-puissants intermédiaires, sauver la vie d’un malheureux juif condamné au bûcher par l’inquisition pour cause de religion…

Ce juif était Isaac Samuel, l’aïeul du gardien de la maison de la rue Saint-François.

Les hommes généreux s’attachent souvent à leurs obligés au moins autant que les obligés s’attachent à leurs bienfaiteurs. S’étant d’abord