Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/80

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ser entraîner dans un moment si grave !… car il paraît décidément que ceci est grave. Mais que voulez-vous, mon bon M. Baleinier, quand une idée me vient à l’esprit, il m’est aussi impossible de ne pas suivre sa fantaisie qu’il m’était impossible de ne pas courir après les papillons quand j’étais petite fille…

— Et Dieu sait où vous conduisent les papillons brillants de toutes couleurs qui vous traversent l’esprit… Ah ! la tête folle !… la tête folle ! dit M. Baleinier en souriant d’un air indulgent et paternel. Quand donc sera-t-elle aussi raisonnable que charmante ?

— À l’instant même, mon bon docteur, reprit Adrienne ; je vais abandonner mes rêveries pour des réalités et parler un langage parfaitement positif, comme vous allez le voir.

Puis s’adressant à sa tante, elle ajouta :

— Vous m’avez fait part, madame, de vos volontés ; voici les miennes. Avant huit jours je quitterai le pavillon que j’habite pour une maison que j’ai fait arranger à mon goût, et j’y vivrai à ma guise… Je n’ai ni père ni mère, je ne dois compte qu’à moi de mes actions.

— En vérité, mademoiselle, dit la princesse en haussant les épaules, vous déraisonnez… vous oubliez que la société a des droits de moralité imprescriptibles et que nous sommes