Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/90

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tous les indices qui auraient pu mettre celle-ci sur la voie de cette découverte. Aussi non seulement l’abbé voyait avec épouvante mademoiselle de Cardoville instruite de ce secret, mais il tremblait qu’elle ne le divulguât.

La princesse partageait l’effroi de M. d’Aigrigny, aussi s’écria-t-elle en interrompant sa nièce :

— Mademoiselle… il est certaines choses de famille qui doivent se tenir secrètes, et, sans comprendre positivement à quoi vous faites allusion, je vous engage à quitter ce sujet d’entretien…

— Comment donc, madame ?… ne sommes-nous pas ici en famille… ainsi que l’attestent les choses peu gracieuses que nous venons d’échanger ?

— Mademoiselle… il n’importe :… lorsqu’il s’agit d’affaires d’intérêt plus ou moins contestables, il est parfaitement inutile d’en parler, à moins d’avoir les pièces sous les yeux.

— Et de quoi parlons-nous donc depuis une heure, madame, si ce n’est d’affaires d’intérêt ? En vérité, je ne comprends pas votre étonnement… votre embarras…

— Je ne suis ni étonnée… ni embarrassée… mademoiselle ;… mais depuis deux heures,