Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/95

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quis en s’asseyant près de la table avec un courroux contenu. Grâce à cet interrogatoire, qui, du reste, a été au-delà de nos espérances, et que notre homme, caché par nos soins derrière la portière de la chambre voisine, a fidèlement sténographié ; grâce aux scènes violentes qui doivent avoir nécessairement lieu demain et après, le docteur, en s’entourant d’habiles précautions, aurait pu agir avec la plus entière certitude… Mais lui demander cela aujourd’hui… tout à l’heure… Tenez… Herminie… c’est folie que d’y penser !

Et le marquis jeta brusquement la plume qu’il avait à la main, puis il ajouta avec un accent d’irritation amère et profonde :

— Au moment de réussir, voir toutes nos espérances anéanties… Ah ! les conséquences de tout ceci… seront incalculables… Votre nièce… nous fait bien du mal… oh ! bien du mal…

Il est impossible de rendre l’expression de sourde colère, de haine implacable, avec laquelle M. d’Aigrigny prononça ces derniers mots.

— Frédérik ! s’écria la princesse avec anxiété, en appuyant vivement sa main sur la main de l’abbé, je vous en conjure, ne désespérez pas encore… l’esprit du docteur est si fécond en