Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/98

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La jeune fille s’approcha donc du médecin, qui causait à voix basse avec le baron, et de sa voix la plus douce, la plus câline :

— Mon bon M. Baleinier… je désirerais vous dire deux mots…

Et du regard, la jeune fille lui montra la profonde embrasure d’une croisée.

— À vos ordres… mademoiselle…, répondit le médecin en se levant pour suivre Adrienne auprès de la fenêtre.

M. Tripeaud, qui, ne se sentant plus soutenu par la présence de l’abbé, craignait la jeune fille comme le feu, fut très-satisfait de cette diversion ; pour se donner une contenance, il alla se remettre en contemplation devant un tableau de sainteté qu’il semblait ne pas se lasser d’admirer…

Lorsque mademoiselle de Cardoville fut assez éloignée du baron pour n’être pas entendue de lui, elle dit au médecin qui, toujours souriant, toujours bienveillant, attendait qu’elle s’expliquât :

— Mon bon docteur, vous êtes mon ami, vous avez été celui de mon père… Tout à l’heure, malgré la difficulté de votre position, vous vous êtes courageusement montré mon seul partisan…

— Mais pas du tout, mademoiselle, n’allez