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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/174

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influence en France, car, avec de telles sommes, par la vénalité qui court, on achète un gouvernement, et s’il est trop cher ou mal accommodant, on allume la guerre civile, on le renverse et l’on restaure la légitimité, qui, après tout, est notre véritable milieu, et qui, nous devant tout, nous livrera tout.

— C’est évident, dit la princesse en joignant les mains avec admiration.

— Si au contraire, reprit Rodin, ces deux cent douze millions restent entre les mains de la famille Rennepont, c’est notre ruine, c’est notre perte ; c’est faire une souche d’ennemis acharnés, implacables… Vous n’avez donc pas entendu les vœux exécrables de ce Rennepont, au sujet de cette association qu’il recommande, et que, par une fatalité inouïe, sa race maudite peut merveilleusement réaliser ?… Mais songez donc aux forces immenses qui se grouperaient alors autour de ces millions : c’est le maréchal Simon, agissant au nom de ses filles, c’est-à-dire l’homme du peuple fait duc sans en être plus vain, ce qui assure son influence sur les masses, car l’esprit militaire et le bonapartisme incarné représentent encore, aux yeux du peuple, la tradition d’honneur et de gloire nationale. C’est ensuite ce François Hardy, le bourgeois libéral, indépen-