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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/206

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prenant la lettre avec une indifférence apparente.

Et il la mit dans la poche du côté de sa redingote qu’il reboutonna ensuite soigneusement.

— Allez-vous monter chez vous, monsieur ?

— Oui, ma chère dame.

— Alors je vais m’occuper de vos petites provisions, dit la mère Arsène. Est-ce toujours comme à l’ordinaire, mon digne monsieur ?

— Toujours comme à l’ordinaire.

— Ça va être prêt en un clin d’œil.

Ce disant, la fruitière prit un vieux panier ; après y avoir jeté trois ou quatre mottes à brûler, un petit fagotin de cotrets, quelques morceaux de charbon, elle recouvrit ces combustibles d’une feuille de chou ; puis allant au fond de sa boutique, elle tira d’un bahut un gros pain rond, en coupa une tranche, et choisit ensuite d’un œil connaisseur un magnifique radis noir parmi plusieurs de ces racines, le divisa en deux, y fit un trou qu’elle remplit de gros sel gris, rajusta les deux morceaux et les plaça soigneusement auprès du pain, sur la feuille de chou qui séparait les combustibles des comestibles. Prenant enfin à son fourneau quelques charbons allumés, elle