Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

déchiffré, car, laissant tomber ses bras, non pas avec abattement, mais avec la stupeur d’une satisfaction aussi imprévue qu’extraordinaire, il resta quelque temps la tête basse, le regard fixe, profond ;… la seule marque de joie qu’il donna, se manifestait par une sorte d’aspiration sonore, fréquente et prolongée.

Les hommes aussi audacieux dans leur ambition que patients et opiniâtres dans leur sape souterraine, sont surpris de leur réussite, lorsque cette réussite devance et dépasse incroyablement leurs sages et prudentes prévisions.

Rodin se trouvait dans ce cas.

Grâce à des prodiges de ruse, d’adresse et de dissimulation, grâce à de puissantes promesses de corruption, grâce enfin au singulier mélange d’admiration, de frayeur et de confiance que son génie inspirait à plusieurs personnages influents, Rodin apprenait du gouvernement pontifical que, selon une éventualité possible et probable, il pourrait, dans un temps donné, prétendre avec chance de succès à une position qui n’a que trop souvent excité la crainte, la haine ou l’envie de bien des souverains, et qui a été quelquefois occupée par de grands hommes de bien, par