Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/275

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persuadé de votre exécrable mensonge, même aux yeux de cette pauvre demoiselle, afin d’invoquer plus tard le bénéfice de votre conviction prétendue… Allons donc ! ce n’est pas à des gens de bon sens, de cœur droit, que l’on fait de ces contes-là.

— Ah çà ! monsieur…, s’écria Baleinier courroucé.

— Ah çà ! monsieur, reprit Rodin d’une voix plus haute, et dominant toujours celle du docteur, est-il vrai, oui ou non, que vous vous réservez le faux-fuyant de rejeter cette odieuse séquestration sur une erreur scientifique ? Moi je dis oui… et j’ajoute que vous vous croyez hors d’affaire parce que vous dites maintenant : « Grâce à mes soins, mademoiselle a recouvré sa raison : que veut-on de plus ? »

— Je dis cela, monsieur, et je le soutiens.

— Vous soutenez une fausseté, car il est prouvé que jamais la raison de mademoiselle n’a été un instant égarée.

— Et moi, monsieur, je maintiens qu’elle l’a été.

— Et moi, monsieur, je prouverai le contraire, dit Rodin.

— Vous ! et comment cela ? s’écria le docteur.

— C’est ce que je me garderai de vous dire