Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/407

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savez… ces voluptueux fantômes de vos nuits, ces charmants tourmenteurs de vos rêves ; si vous jetiez sur elles des regards hardis comme un défi, suppliants comme une prière ou brûlants comme un désir, croyez-vous que bien des yeux à demi voilés ne s’enflammeraient pas au feu de vos prunelles ? Alors, ce ne seraient plus les monotones délices d’un unique amour… chaîne pesante de notre vie ; non, ce seraient les mille voluptés du harem… mais du harem peuplé de femmes libres et fières, que l’amour heureux ferait vos esclaves ; pur et contenu jusqu’ici, il ne peut exister pour vous d’excès… Croyez-moi donc, ardent, magnifique, c’est vous, fils de notre pays, qui deviendrez l’amour, l’orgueil, l’idolâtrie de ces femmes ; et ces femmes, les plus séduisantes du monde entier… n’auront bientôt plus pour vous que des regards languissants et passionnés !

Djalma avait écouté Faringhea avec un silence avide.

L’expression des traits du jeune Indien avait complètement changé : ce n’était plus cet adolescent mélancolique et rêveur, invoquant le saint souvenir de sa mère, et ne trouvant que dans la rosée du ciel, que dans le calice des fleurs, des images assez pures pour peindre la chasteté, l’amour qu’il rêvait ; ce n’était même