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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/477

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un nouveau gage de votre dévouement et de votre sincérité ; je doutais de votre droiture au moment même où vous rendiez témoignage de ma franchise… Pour la première fois de ma vie, je me suis abaissée jusqu’à la ruse ;… cette faiblesse mérite une punition, je la subis ; une réparation, je vous la fais ; des excuses, je vous les offre…

Puis, s’adressant à Djalma, elle ajouta :

— Maintenant, prince, le secret n’est plus permis… je suis votre parente, mademoiselle de Cardoville, et j’espère que vous accepterez d’une sœur une hospitalité que vous acceptiez d’une mère.

Djalma ne répondit pas.

Plongé dans une contemplation extatique devant cette soudaine apparition, qui surpassait les plus folles, les plus éblouissantes visions de ses rêves, il éprouvait une sorte d’ivresse qui, paralysant en lui la pensée, la réflexion, concentrait toute la puissance de son être dans la vue… et de même que l’on cherche en vain à étancher une soif inextinguible… le regard enflammé de l’Indien aspirait pour ainsi dire avec une avidité dévorante toutes les rares perfections de cette jeune fille.

En effet, jamais deux types plus divins n’avaient été mis en présence. Adrienne et Djalma