Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il faut en finir demain avec la Mayeux.

Florine frissonna de tout son corps, et, sans répondre à Rodin, disparut comme Adrienne derrière un des massifs.

Djalma, brisé, anéanti, était resté à genoux, la tête baissée sur sa poitrine ; sa ravissante physionomie n’exprimait ni colère, ni emportement, mais une stupeur navrante ; il pleurait silencieusement. Voyant Rodin s’approcher de lui, il se releva ; mais il tremblait si fort, qu’il put à peine d’un pas chancelant regagner le divan où il tomba en cachant sa figure dans ses mains.

Alors Rodin, s’avançant, lui dit d’un ton doucereux et pénétré :

— Hélas !… je craignais ce qui arrive ; je ne voulais pas vous faire connaître votre bienfaitrice, et je vous avais même dit qu’elle était vieille ; savez-vous pourquoi, cher prince ?

Djalma, sans répondre, laissa tomber ses mains sur ses genoux et tourna vers Rodin son visage encore inondé de larmes.

— Je savais que mademoiselle de Cardoville était charmante : je savais qu’à votre âge l’on devient facilement amoureux, poursuivit Rodin, et je voulais vous épargner ce malheureux inconvénient, mon cher prince, car votre belle protectrice aime éperdument un beau jeune homme de cette ville…