Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/488

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de me rendre un service… Oh ! oui, un grand service, ajouta le forgeron d’un ton pénétré, presque solennel, qui étonna la Mayeux.

Puis il reprit :

— Mais commençons par ce qui ne m’est pas personnel.

— Parle vite.

— Depuis que ma mère est partie avec Gabriel pour se rendre dans la petite cure de campagne qu’il a obtenue, et depuis que mon père loge avec M. le maréchal Simon et ses demoiselles, j’ai été, tu le sais, demeurer à la fabrique de M. Hardy avec mes camarades dans la maison commune. Or… ce matin… Ah ! il faut te dire que M. Hardy, de retour d’un long voyage qu’il a fait dernièrement, s’est de nouveau absenté depuis quelques jours, pour affaires. Ce matin donc, à l’heure du déjeuner, j’étais resté à travailler un peu après le dernier coup de cloche ; je quittais les bâtiments de la fabrique pour aller à notre réfectoire, lorsque je vois entrer dans la cour une femme qui venait de descendre d’un fiacre ; elle s’avance vivement vers moi ; je remarque qu’elle est blonde, quoique son voile fût à moitié baissé, d’une figure aussi douce que jolie, et mise comme une personne très-distinguée. Mais frappé de sa pâleur, de son air inquiet, effrayé, je lui demande ce qu’elle désire.