Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/532

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« — Mon maître me battra, s’écria le pauvre enfant en redoublant de sanglots, je suis déjà en retard de deux heures, car le cheval ne voulait pas marcher, et voilà son harnais brisé… Mon maître me battra, me chassera. Qu’est-ce que je deviendrai ? mon Dieu !… je n’ai plus ni père ni mère…

« À ces mots prononcés avec une exclamation déchirante, une brave marchande du Temple, qui était parmi les curieux, s’écria d’un air attendri :

« — Plus de père, plus de mère !… Ne te désole pas, pauvre petit, il y a des ressources au Temple, on va raccommoder ton harnais, et si mes commères sont comme moi, tu ne t’en iras pas pieds nus et tête nue par un temps pareil.

« Cette proposition fut accueillie avec acclamation ; on emmena l’enfant et le cheval ; les uns s’occupèrent de raccommoder le harnais, puis une marchande fournit une casquette, l’autre une paire de bas, celle-ci des souliers, celle-là une bonne veste ; en un quart d’heure, l’enfant fut bien chaudement vêtu, le harnais réparé, et un grand garçon de dix-huit ans, brandissant un fouet qu’il fit claquer aux oreilles du cheval en manière d’avertissement, dit à l’enfant qui, regardant tour à tour et ses bons