Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/583

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— Vous montrer cette maison, vous faire connaître toutes les ressources de notre association, c’est pouvoir vous dire : Ici, mademoiselle, le travailleur, certain du présent, certain de l’avenir, n’est pas, comme tant de ses pauvres frères, obligé de renoncer aux plus doux besoins du cœur… au désir de choisir une compagne pour la vie… cela… dans la crainte d’unir sa misère à une autre misère.

Angèle baissa les yeux et rougit.

— Ici le travailleur peut se livrer sans inquiétude à l’espoir des douces joies de la famille, bien sûr de ne pas être déchiré plus tard par la vue des horribles privations de ceux qui lui sont chers ; ici, grâce à l’ordre, au travail, au sage emploi des forces de chacun, hommes, femmes, enfants, vivent heureux et satisfaits ; en un mot, vous expliquer tout cela, ajouta Agricol en souriant d’un air plus tendre, c’est vous prouver qu’ici, mademoiselle, l’on ne peut rien faire de plus raisonnable… que de s’aimer, et rien de plus sage… que de se marier.

— Monsieur… Agricol, répondit Angèle d’une voix doucement émue et en rougissant encore plus, si nous commencions notre promenade ?

— À l’instant, mademoiselle, répondit le forgeron, heureux du trouble qu’il fit naître dans cette âme ingénue. Mais tenez, nous