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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/588

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demoiselle, ne trouvez-vous pas qu’il y a, dans la présence de l’enfance ainsi mêlée à tous les labeurs, quelque chose de doux, de pur, de presque sacré, qui impose aux paroles, aux actions, une réserve toujours salutaire ? L’homme le plus grossier respecte l’enfance…

— À mesure que l’on réfléchit, comme on voit en effet ici que tout est calculé pour le bonheur de tous ! dit Angèle avec admiration.

— Et cela n’a pas été sans peine : il a fallu vaincre les préjugés, la routine… Mais tenez, mademoiselle Angèle… nous voici devant la cuisine commune, ajouta le forgeron en souriant, voyez si cela n’est pas aussi imposant que la cuisine d’une caserne ou d’une grande pension !

En effet, l’officine culinaire de la maison commune était immense ; tous ses ustensiles étincelaient de propreté ; puis, grâce aux procédés aussi merveilleux qu’économiques de la science moderne (toujours inabordables aux classes pauvres auxquelles ils seraient indispensables, parce qu’ils ne peuvent se pratiquer que sur une grande échelle), non seulement le foyer et les fourneaux étaient alimentés avec une quantité de combustible deux fois moindre que celle que chaque ménage eût individuellement dépensée, mais l’excédent de calorique suffisait,