Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/590

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout voyez comme cette marmaille est sage et travaille bien !…

Et ce disant, la matrone indiqua, du bout de la grande cuiller de lèchefrite qui lui servait de sceptre, une quinzaine de marmots des deux sexes, assis autour d’une table, profondément absorbés dans l’exercice de leurs fonctions, qui consistaient à pelurer les pommes de terre et à éplucher des herbes.

— Nous aurons donc un vrai festin de Balthasar, madame Bertrand ? demanda Agricol en riant.

— Ma foi ! un vrai festin comme toujours, mon garçon… Voilà la carte du dîner d’aujourd’hui : bonne soupe de légumes au bouillon, bœuf rôti avec des pommes de terre autour, salade, fruits, fromage, et pour extra du dimanche des tourtes au raisiné que fait la mère Denis à la boulangerie et, c’est le cas de le dire, à cette heure, le four chauffe.

— Ce que vous me dites là, madame Bertrand, me met furieusement en appétit, dit gaiement Agricol. Du reste, on s’aperçoit bien quand c’est votre tour d’être de cuisine, ajouta-t-il d’un air flatteur.

— Allez, allez, grand moqueur ! dit gaiement le cordon bleu de service.

— C’est encore cela qui m’étonne tant, M. Agri-