Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/593

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a toujours beaucoup encouragé chez nous cette distraction d’un effet si puissant, dit-il, et il a raison, sur l’esprit et sur les mœurs. Pendant un hiver, il a fait venir ici, à ses frais, deux élèves du célèbre M. Wilhem, et, depuis, notre école a fait de grands progrès ; vraiment, je vous assure, mademoiselle Angèle, que, sans nous flatter, c’est quelque chose d’assez émouvant que d’entendre environ deux cents voix diverses chanter en chœur quelque hymne au travail ou à la liberté… Vous entendez cela et vous trouverez, j’en suis sûr, qu’il y a quelque chose de grandiose, et pour ainsi dire d’élevant pour le cœur, dans l’accord fraternel de toutes ces voix se fondant en un seul son, grave, sonore et imposant.

— Oh ! je le crois ; quel bonheur d’habiter ici ! Il n’y a que des joies, car le travail ainsi mélangé de plaisirs devient un bonheur.

— Hélas ! il y a ici comme partout des larmes et des douleurs, dit tristement Agricol. Voyez-vous là… ce bâtiment isolé, bien exposé ?

— Oui, quel est-il ?

— C’est notre salle de malades… Heureusement, grâce à notre régime sain et si salubre, elle n’est pas souvent au complet ; une cotisation annuelle nous permet d’avoir un très-bon médecin ; de plus, une caisse de secours mu-