avec nous, il est de mon devoir de vous délier de vos serments.
— De quelle cause voulez-vous parler, mon père… ?
— Hélas ! mon cher fils, je conçois votre crainte. Aujourd’hui, des dangers nous menacent… vous le savez bien…
— Des dangers, mon père ? s’écria Gabriel.
— Il est impossible, mon cher fils, que vous ignoriez que, depuis la chute de nos souverains légitimes, nos soutiens naturels, l’impiété révolutionnaire devient de plus en plus menaçante : on nous accable de persécutions… Aussi, mon cher fils, je comprends et j’apprécie comme je dois le motif qui, dans de pareilles circonstances, vous engage à vous séparer de nous.
— Mon père ! s’écria Gabriel avec autant d’indignation que de douleur, vous ne pensez pas cela de moi… vous ne pouvez pas le penser.
Le père d’Aigrigny, sans avoir égard à la protestation de Gabriel, continua le tableau imaginaire des dangers de sa compagnie, qui, loin d’être en péril, commençait déjà à ressaisir sourdement son influence.
— Oh ! si notre compagnie était toute-puissante comme elle l’était il y a peu d’années